Au cours de la première quinzaine du mois de juillet 1799, les soldats français de l’officier du génie Bouchard s’affairaient à restaurer le vieux fort de Rachid, le fort Julien, situé près de Rachid à l’embouchure du Nil à 65 kilomètres à l’ouest d’Alexandrie. Soudain, la pioche d’un soldat rendit un son métallique et, à travers les décombres d’un mur, apparut presque intacte une pierre noire rectangulaire d’environ un mètre de haut sur soixante-quinze centimètres de large.
Intrigués, les soldats se penchèrent sur leur trouvaille. C’était une stèle de basalte couverte d’inscriptions. Ils appelèrent l’officier Bouchard. Celui-ci se rendit compte de l’intérêt de la découverte. Il alerta à son tour des savants de l’expédition de Bonaparte. Ils constatèrent qu’il s’agissait d’une inscription trilingue. La première était en hiéroglyphes, la troisième, celle du bas, était en grec et celle du milieu était en démotique.
Le 19 juillet 1799, une communication importante fut faite à l’Institut d’Egypte au Caire: «Le citoyen Lancret, membre de l’Institut, informe que le citoyen Bouchard, officier de génie, a découvert, dans la ville de Rosette, des inscriptions dont l’examen peut offrir beaucoup d’intérêt.»
La pierre fut transportée au Caire à l’Institut d’Egypte où elle fut soigneusement étudiée… mais en vain. Dans le numéro 37 du mois de septembre 1799, le «Courier d’Egypte» annonçait cette découverte en précisant que les inscriptions de cette pierre pourraient livrer le secret des hiéroglyphes devant lequel tous les savants du monde se sont jusqu’à ce jour déclarés incompétents.
La pierre de Rosette fut ensuite transférée à Alexandrie dans la demeure du général français Menou. Deux années plus tard, après la capitulation de Menou devant les Anglais, cette pierre, en vertu de l’article 16 du traité de capitulation, fut saisie par le major général Turner et envoyée en Angleterre. Elle fut débarquée à Portsmouth au mois de février 1802 et déposée au British Museum.
Heureusement, les savants français avaient fait des copies des précieuses inscriptions de cette pierre. Ces copies furent transportées en France.
Il faudra attendre le 17 septembre 1822 pour connaître le déchiffrement de ces inscriptions réalisé par Jean-François Champollion lors de sa lecture à l’Académie des inscriptions et belles-lettres de sa fameuse lettre à M. Dacier relative à l’alphabet des hiéroglyphes phonétiques. Grâce à la lecture de cette charte des hiéroglyphes de Champollion, une des plus vieilles et plus riches civilisations du monde devint enfin accessible aux connaissances des savants.